Au printemps dernier, les associations d’enseignant·es de Suisse alémanique (LCH) et romande (SER) se sont unies pour lancer une réflexion globale portant sur la satisfaction des enseignant·es au sujet de leur activité professionnelle. Si ce n’était pas une première pour LCH (d’où des comparaisons intéressantes de leur côté), l’exercice était nouveau pour la Suisse romande.
À l’analyse des résultats , on constate que la « moyenne générale est suffisante » (4,2 sur 6) en Suisse alémanique, mais légèrement insuffisante (3,9 sur 6) en Suisse romande. C’est un peu décevant : nous aurions apprécié une meilleure note ! Toutefois, depuis plusieurs années, nous constatons une complexification croissante de notre tâche d’enseignement et ces appréciations un peu mitigées ne constituent pas une réelle surprise. Il sera très intéressant par contre de mieux collaborer avec nos collègues d’outre-Sarine pour comprendre pourquoi leurs écoles leur offrent un environnement de travail plus motivant que le nôtre et quelles leçons nous pourrions en tirer.
Toutefois, au-delà des chiffres parfois un peu décourageants, il y a aussi de bonnes raisons d’espérer. En effet, à travers toute la Suisse, les domaines les mieux notés concernent les relations avec les collègues et avec les syndicats. Cela confirme le rôle très important du soutien par les pair·es, de manière personnelle et collective, particulièrement dans un métier où l’essentiel de l’activité est individuel : seul·e face à sa classe et seul·e dans le travail de préparation et de gestion.
Juste après, on retrouve l’activité d’enseignement elle-même, les taux d’occupation, les contacts avec les parents, les marques de reconnaissance et le soutien des directions d’école. Même si tout n’est pas facile, la relation avec les élèves et le travail en équipes pédagogiques sont donc appréciés et motivants. C’est le « cœur du métier » et nous devons œuvrer à le préserver. Laissez-nous enseigner !
Les points concernant les salaires, le soutien des services spécialisés, l’implication dans le développement de l’école, la formation continue et l’équipement des postes de travail sont moyennement notés. Probablement que les moyens mis à disposition, souvent limités, ne permettent pas de soutenir suffisamment les enseignant·es, malgré les efforts des personnes qui y sont impliquées. Si l’argent ne fait pas le bonheur, il y contribue parfois, et les cantons plus aisés sont à même de mieux soutenir le domaine de la formation.
Au bas de l’échelle, on retrouve trois éléments très différents les uns des autres. Tout d’abord, les obstacles à surmonter pour développer une école plus inclusive sont soulignés dans tous les cantons. Ensuite, la difficulté pour les acteurs et actrices de l’école à « décompresser » après une journée de travail, ce qui est aussi une composante reconnue d’une profession à responsabilités et forte implication sociale. Enfin, l’image de l’école véhiculée dans une partie de l’opinion publique, parfois très négative, peut être mal vécue et ressentie comme blessante.
Un très grand merci à chaque membre du SAEN qui a pris le temps de répondre ce printemps à cette enquête. Vos réponses permettent de « dresser un état des lieux » de la motivation des enseignant·es chez nous, et de la comparer avec celle de nos voisin·es confédéré·es. Si les résultats chiffrés sont mitigés, les enseignements à en tirer sont riches et sont une source d’inspiration pour mieux défendre et promouvoir notre profession. L’école appartient aussi à celles et ceux qui la font vivre, engageons-nous résolument pour la rendre meilleure !
Pierre-Alain Porret, président du SAEN