SEJ: Au-delà de l’imaginable - 04/2023

SEJ: Au-delà de l’imaginable

Le 7 février 2023, Roberto Segalla déposait au Parlement jurassien une question écrite relative aux violences faites aux enseignant·es dans le Jura. Sa volonté était en fait de se rassurer que ce phénomène n’existait pas dans notre canton, suite notamment à un reportage de la RTS et à l’enquête menée par LCH sur le sujet, qui laissaient entendre que les violences touchant les enseignant·es étaient fréquentes. Une dizaine de jours plus tard, un enseignant dans une école de Porrentruy subissait une agression d’une rare violence de la part d’un élève. Cet évènement inacceptable fut un déclencheur.

 

 

Outre un autre épisode relaté par la presse qui s’est produit dans une école de Delémont, où un élève voulait régler ses comptes au moyen d’une queue de billard avec l’enseignant lui ayant annoncé son exclusion du camp de ski à venir, l’agression de Porrentruy a amené de nombreux·ses membres du SEJ à faire part de leurs mauvaises expériences au secrétariat du syndicat. Tous les niveaux d’enseignement sont concernés. Voici quelques exemples de témoignages reçus.

Le premier à être parvenu s’est produit au secondaire II. Une enseignante a signalé à sa hiérarchie qu’un élève lui avait lancé des ciseaux. La réaction du supérieur hiérarchique a été de minimiser l’acte en précisant que l’enseignante n’avait pas été touchée et qu’il ne fallait pas, par conséquent, en faire un drame. Commentaire personnel : il ne manquait plus qu’une proposition d’offrir des cours de lancer de couteau à l’élève maladroit afin qu’il ne manque pas sa cible la prochaine fois.

Lors d’une surveillance de récréation, une enseignante a été injuriée copieusement par un élève de … 1 P. La décence nous interdit de répéter les termes utilisés par cet enfant de 4 ans. D’autres exemples, c’est bien au pluriel, font état de coups portés à des enseignantes par des élèves de 1 P-2 P. À signaler que dans une de ces situations, le père d’un des élèves, appelé pour récupérer sa progéniture qui risquait de mettre en danger ses camarades de classe, a conclu que son enfant n’avait tapé que la maitresse, ce qui n’était pas si grave. Commentaire : c’est certain, ce monsieur a toutes les compétences pour élever un enfant.

Une autre situation a été dénoncée par des enseignantes à des moments différents aux autorités. L’enfant en question pourrit l’ambiance de classe depuis son arrivée à l’école. Les violences vis-à-vis des autres élèves comme à l’égard des enseignantes, violences verbales ou physiques, sont quasiment quotidiennes. Les burnouts se suivent chez les enseignantes, qu’elles soient titulaires ou remplaçantes. Mais rien ne change, l’enfant continue son manège. On pourrait en citer bien d’autres encore, comme des graffitis injurieux écrits sur les murs d’une école.

Cette réalité impensable jusqu’alors, car les enseignant·es ne faisaient pas part de ces problèmes aux autorités notamment, sans doute par souci d’être considéré·es comme incapables de gérer des situations particulières, a décidé le SEJ à mener une enquête sur les violences subies ou constatées auprès de ses membres en activité. Le détail des résultats de cette enquête se trouve sur le site du syndicat ( www.sej.ch ).

Ce que l’on peut indiquer d’emblée, c’est qu’à tous les niveaux de l’école obligatoire, de la 1 P à la 11 S, des actes de violence physique ou verbale ont été perpétrés contre des enseignant·es. Ce qui trouble est que ces évènements sont le fait d’élèves, mais également de parents de plus en plus exigeants. Ce qui est aussi une évidence, c’est que ces actes ne sont pas isolés. Sur les 442 membres ayant répondu à l’enquête, 21 % ont subi des agressions physiques d’élèves ; 40 % ont été attaqué·es verbalement par des élèves. Heureusement, les violences physiques sont moins fréquentes provenant de parents. 4 % des membres du SEJ ont connu de tels débordements. Mais c’est naturellement encore trop. On arrive à un taux de 27 % si l’on s’intéresse aux agressions verbales provenant de parents.

Autres éléments mis en évidence dans l’enquête, du harcèlement est fréquemment exercé sur les enseignant·es pour obtenir un avantage. Le plus souvent, c’est pour que des corrections soient apportées à des notes ou des moyennes. Et une augmentation de la violence entre élèves est également constatée.

Ce que l’on remarque encore, c’est que les phénomènes décrits ci-dessus sont fortement observés à l’école obligatoire, mais beaucoup moins au postobligatoire. Il est certain que les sanctions possibles à ce niveau à l’encontre d’un·e élève, allant jusqu’au renvoi, ont des effets sur les risques de débordements des étudiant·es ou apprenti·es.

Au niveau obligatoire, c’est différent. Mais il est nécessaire qu’une réflexion soit désormais menée pour tenter d’endiguer ces phénomènes qui s’accentuent clairement. La notion d’obligatoire a évolué. Si dans un premier temps, il s’agissait d’un devoir d’envoyer son enfant à l’école, c’est aujourd’hui devenu un droit avec l’obligation pour l’école d’accueillir tout le monde. Il faut trouver un équilibre entre ces valeurs de droits et de devoirs. Lorsqu’on se limite aux devoirs, on s’installe dans une dictature. Lorsque l’on ne reconnait que des droits, c’est l’anarchie qui se développe. Ceci est aussi vrai pour l’école. La réflexion sur cette base doit y être constante afin de réduire au maximum l’inimaginable. 

 

Rémy Meury, secrétaire général du SEJ

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