Suite des réflexions de la Journée syndicale : l’évaluation des élèves

Les mois de janvier et février sont traditionnellement consacrés aux bilans semestriels, moment privilégié pour faire le point sur les apprentissages  de nos élèves. Occasion aussi d’en parler avec elles et eux, ainsi qu’avec leurs parents. Quel est votre avis sur l’état actuel du mode d’évaluation utilisé par l’école neuchâteloise ? Tentative de synthèse…

Dans les années 1 à 6, le système actuel semble être relativement stable et intégré. Le recours à des commentaires sans note chiffrée, conclus par un code en fin d’année, n’est que peu contesté. Parmi les difficultés relevées, la nécessité d’une communication claire et préventive avec les parents en cas de difficultés prononcées, laissant augurer la possibilité d’un redoublement, ceci particulièrement en fin de cycle et de demi-cycle. On note aussi que le document cantonal informatisé exigé en fin de semestre semble être peu utile aux élèves et à leurs familles. Par contre, la communication personnelle avec les familles, qu’elle se fasse par écrit (document des acquis de compétence, classeur de traces …) ou par oral lors d’un entretien, est primordiale. L’harmonisation de la signification des codes pour les années 1 à 7, entrée en vigueur début 2025, est certainement une bonne chose.

Le passage du système des codes à celui des notes, qui plus est entre la 7e et la 8e, donc à l’intérieur d’un demi-cycle, reste un gros problème. Si les codes sont bien acceptés dans la première moitié de la scolarité, les notes semblent encore indispensables dès l’approche du
cycle 3. En effet, au moment où s’amorce la compétition pour accéder aux niveaux 1 et 2, puis aux études académiques et aux formations professionnelles, le caractère simple, rassurant et supposé objectif de la note chiffrée accompagnée de sa moyenne annuelle semble encore incontournable. Pour rappel, de très intenses débats ont eu lieu à ce sujet lors du processus de réflexion EDASCOL, sans amener d’avancées majeures à l’heure actuelle. 

Toutefois, des propositions sont sur la table au niveau cantonal et pourraient donner lieu à des changements ces prochaines années.

À la fin de la scolarité obligatoire, les conditions de promotion permettant d’accéder au lycée sont relativement compliquées et probablement incompréhensibles pour un certain nombre de familles.

Le SAEN demande une simplification du processus d’évaluation des élèves, moins lourd à gérer pour les enseignant·es, motivant pour les élèves, compréhensible pour les familles et utile aux futur·es maitres et maitresses d’apprentissage et professeur·es du post-obligatoire.

Le SAEN continuera de s’engager ces prochaines années pour :

• simplifier et clarifier les documents et processus d’évaluation, afin qu’ils soient utilisables facilement par les enseignant·es et compréhensibles sans difficulté pour tous·tes les élèves et leurs familles ;

• préserver la liberté pédagogique des enseignant·es et éviter que des consignes trop lourdes et contraignantes leur soient imposées ;

• œuvrer à une meilleure cohérence du système, qu’il soit basé sur des codes ou sur des notes ;

• veiller à ce que la gestion de l’évaluation reste une tâche cantonale, ceci afin d’éviter que chaque école établisse des règles différentes, ce qui serait contraire au principe de l’égalité des chances ;

• rappeler sans relâche que l’évaluation doit être au service des apprentissages des élèves et non pas un outil de classement scolaire et social ;

• permettre à chaque élève et étudiant·e d’apprendre à son rythme et selon son potentiel sans être écrasé·e par un système normatif à l’excès.

Les enseignant·es, en tant que généralistes ou spécialistes impliqué·es directement dans le terrain scolaire, doivent être consulté·es lorsque des projets de changement émergent dans le domaine si important de l’évaluation. Votre syndicat SAEN est un moyen privilégié d’agir, que ce soit au niveau des centres scolaires ou des autorités cantonales.

Pierre-Alain Porret, président du SAEN