Tout augmente ou presque 

Le budget 2025 de l’État présente un déficit d’un peu plus de 5 millions et intègre les diverses mesures du plan équilibre 22–26, ainsi que des économies supplémentaires, pour un total de plus de 50 millions. Il ne tient pas compte d’un éventuel versement de la BNS, ni de charges supplémentaires potentielles transférées par la Confédération. 

Conformément à l’article 7 du Décret sur le traitement du personnel de l’État (173.411), « le Gouvernement peut adapter les traitements ( … ) au cout de la vie annuellement, ( … ) au mois de janvier, sur la base de l’indice des prix à la consommation (IPC) du mois de juillet précédent » . La base de la grille salariale actuelle s’appuie sur les chiffres de décembre 2010 ( 100 ) et le renchérissement est indexé sur cette base ensuite. La valeur de l’échelle U de 2024 accusait un retard de 1,5 par rapport aux chiffres de juillet 2023 . Ainsi, le traitement de cette année ne compense que partiellement le renchérissement, mais est également imputé d’une contribution salariale de 1,9 %. Le salaire réel du personnel de l’État représente donc cette année une différence négative cumulée de plus de 3 %, et une perte de pouvoir d’achat au moins équivalente. Les primes de caisses maladie n’étant pas prises en compte dans le calcul de l’IPC et du renchérissement, le salaire réel moyen accuse donc une perte de près de 5 %. L’Union syndicale suisse (USS) avance une valeur équivalente dans son analyse du mois de septembre . La valeur de l’IPC de juillet 2024 était de 105,5 et représentait un retard de 2,8 points  à compenser. 

Le Gouvernement a accordé un renchérissement de 0,58% pour 2025 et un jour de congé supplémentaire . Concrètement, les salaires augmenteront. L’annuité sera accordée, mais le salaire réel accusera un retard cumulé d’environ 2 %. À cela s’ajoute toujours une contribution salariale de 1,9 % qui s’appliquera jusqu’en 2026 (compris) à l’ensemble du personnel. 

Il faut rappeler que l’effort financier porté par le personnel et une baisse de son pouvoir d’achat est conséquent et s’accumule année après année. Sur les cinq dernières années (2020–2024), le salaire réel accuse un retard moyen d’environ 1 % par rapport à la valeur de référence telle que défini dans le décret sur le personnel. Les exercices comptables se suivent et se ressemblent. 

Il faut également ajouter à tous ces éléments une contribution salariale de 2024 à 2026 qui représente un pourcentage cumulé de 5,7 % et une valeur d’environ 15 millions déduits de la masse salariale. Elle s’additionne au cumul du retard du rattrapage du renchérissement. Après l’acceptation d’AVS 21, la TVA est passée de 7,7 % en 2023 à 8,1 en 2024 pour la financer. Elle passera vraisemblablement à 8,8 % en 2026 pour financer la 13e rente. La TVA aura donc augmenté de 1,1 % en à peine plus de 24 mois. La comparaison pourrait s’arrêter là, mais cette période de l’année rappelle à chacune et chacun que la LAMAL n’est pas prise en compte dans ces calculs et suit sa propre logique. 

Dès lors, l’analyse comptable de la situation n’est pas à l’avantage des salarié·es et de leur pouvoir d’achat. 

Le personnel a déjà fait beaucoup d’efforts, et le rattrapage du renchérissement devra être garanti à terme pour assurer la pérennité d’un système salarial mis sous pression en période d’inflation. 

Dans ce contexte financier compliqué, il est important de rappeler que la valorisation d’une profession n’est pas uniquement salariale, mais passe par l’image qu’elle véhicule et ses conditions de travail. Il est nécessaire d’entamer une réflexion et disposer d’une stratégie concernant la pénurie de professionnel·les dans le monde de l’éducation. Actuellement, le personnel qualifié est limité et les perspectives sont restreintes pour compenser les départs en retraite. De plus, une concurrence est réelle entre les cantons. 

Les défis ne manqueront donc pas ces prochains mois et si un certain élan patriotique a été démontré lors du vote du 22 septembre, il ne doit pas éluder un autre enjeu, celui de réunir la population jurassienne autour d’un avenir commun qui devra capitaliser sur ses atouts sans opposer ses forces d’où qu’elles viennent.

Christophe Girardin, secrétaire général du SEJ