VD: Madame la conseillère d’État, Monsieur le conseiller d’État, - 05/2022

VD: Madame la conseillère d’État, Monsieur le conseiller d’État,

L’heure est pour vous certainement de prendre connaissance des dossiers et autres chantiers, déb utés par votre prédécesseure. De mon côté, j’ai fait place à trois personnes qui vous adressent leur message. D’aucun·es affirment que l’école est ingouvernable … Ce n’est pas  mon point de vue, mais … nul·le ne tiendra la barre sans souplesse, doigté, confiance, vision et maintien du cap. Au menu : repenser l’organisation, soulager de la pression évaluative et repens er l’inclusion … ( sb )

 

 

 

 

 

 

 

« Je n’ai pas vu venir, et c’est une faute politique, l’incapacité de traduire cette fatigue enseignante sur l’agenda des projets. » ( Cesla Amarelle, avril 2022 ) 1

 

Oui, les enseignantes et enseignants sont fatigué·es ; sur le terrain, iels ne parviennent pas à répondre aux injonctions politiques. L’éviction de Cesla Amarelle après un mandat est un signe fort, démontrant l’épuisement général des enseignant·es vaudois·es. J’ai souvenir des rencontres que la politicienne avait organisées au début de son mandat, en 2017. Nous avions alors pu nous exprimer sur les besoins réels du terrain, notamment sur l’importance capitale que des spécialistes interviennent auprès des élèves. Beaucoup d’espoirs avaient alors été placés dans cette rencontre, en accord avec la promesse de Cesla Amarelle au moment de son élection : « Je vais prendre soin des enseignantes romandes. » Cinq ans plus tard, l’inquiétude des enseignant·es exprimée auprès de la conseillère d’État s’avérait justifiée : il est impossible de satisfaire les besoins de chaque élève sans l’intervention directe des spécialistes. Depuis l’entrée en vigueur du concept 360°, les enseignant·es s’épuisent à mettre en œuvre des mesures de différenciation qui ne peuvent être efficaces sans l’intervention des personnes adéquates auprès des élèves 2. Ne serait-il donc pas temps de redonner sa place à chacun·e et d’écouter les généralistes pour prendre des décisions en adéquation avec la réalité de l’école ? Les élu·es 2022 sont deux juristes, une avocate, une conservatrice, une criminologue, un comptable et un urbaniste. Une fois de plus, un ou une professionnel·le totalement extérieur·e à l’enseignement aura la lourde responsabilité de nous diriger. Si j’avais une baguette magique, le ou la future conseillère d’État au DFJC s’intéresserait avant tout aux enseignant·es titulaires. Nous avons pu constater à quel point la demande des parents avait été entendue et soutenue durant le mandat de Cesla Amarelle, et demandons instamment qu’il en aille de même avec nous, personnes formées et qualifiées pour évaluer les besoins des élèves en regard des visées d’apprentissage. Il est urgent qu’émerge une véritable considération pour la réalité du terrain, notamment par une collaboration effective et directe avec les personnes concernées. Il est impératif que la personne qui prendra des décisions concernant l’école, s’informe sur les besoins dans les classes et accorde crédit et confiance aux enseignant·es. La pandémie aura bien démontré que ne s’improvise pas maitresse d’école qui veut. 

Valériane Dattnow

1 https://www.24heures.ch/comment-les-socialistes-en-sont-arrives-a-degringoler-819602968667
2 Toutes les professions englobées par l’acronyme PPLS : logopédiste, enseignantes spécialisées…

 

Si j’avais une baguette magique …

 

J’ai une maitrise de classe en 7-8P, depuis sept ans maintenant, et je réalise que les conditions d’exercice de mon travail se dégradent de manière inquiétante. Cette dégradation impacte directement les conditions et la qualité d’apprentissage de nos élèves.

Un des événements qui chamboule tout ça, est le projet 360°. J’ai été la première emballée par ce projet d’inclusion et « d’égalité des chances ». Il me semble être de plus en plus joli sur le papier. Le problème, c’est que les moyens ne suivent pas. Les enseignant·es des classes ordinaires sont face à des problématiques de plus en plus complexes, sans les connaissances et les compétences pour y répondre. Chacun·e y met sa meilleure volonté, mais sans soutien, la situation devient de plus en plus difficile. Les enseignant·es ont besoin d’outils ! Ces outils s’acquièrent en formation et ils devraient se trouver en abondance dans les formations initiales. Mais ces dernières ne nous préparent pas suffisamment à la réalité de nos élèves, elles nous préparent à des élèves « idéaux ». Le terrain est une énorme claque. L’injonction est d’inclure et de développer le potentiel de tous·tes ( ce qui sur le papier est magnifique ), mais alors ne créons pas des situations dans lesquelles par manque de moyens et de compétences l’effet est le contraire de ce qui est attendu. Il y a de plus en plus d’élèves en souffrance. Leurs besoins ne sont pas compris, l’école n’apporte pas les bonnes réponses. Un autre élément, particulièrement en 7-8P, vient pourrir la vie de l’enfant, des familles et des enseignant·es : c’est la chasse aux résultats. L’école n’est plus qu’un distributeur de résultats ; l’objectif ? C’est la note, l’orientation. Les enfants sont conditionné·es, stressé·es pour et par le résultat. L’objectif de l’école devrait être le sens et le plaisir d’apprendre. Or cela s’est perdu quelque part dans les méandres de la sélection. Difficile lorsque le sens est perdu, de remotiver et réengager des élèves qui se sont perdu·es en route, dont les difficultés augmentent.

Enfin, un dernier élément me fait déchanter avec les années et m’empêche d’enseigner, tout en compliquant l’apprentissage des élèves : l’administratif. Il a augmenté sans contrôle, et cela grignote du temps initialement dévolu à la pédagogie, aux préparations, à nos élèves. Mais sommes-nous là pour faire de la paperasse ? ou pour construire des savoirs avec nos élèves ?

Cette liste est malheureusement loin d’être exhaustive des éléments à questionner dans l’école pour l’améliorer au bénéfice des enfants. Donner à chacun·e de vraies chances de progrès, de plaisir et d’apprentissage. Remettre du sens dans l’école, dans la motivation, dans l’implication. Ne pas faire de l’école un monolithe dogmatique, mais une structure où le savoir est rendu accessible à tous. L’idéaliste est toujours là … pour combien de temps ?

Agathe Erthagal

 

 

Libérez-nous !

 

Je suis étudiant en fin de deuxième année à la HEP Vaud. Dans un peu plus d’un an, je serai probablement diplômé … Mon message à la gouvernance ? Le voici :

Nous vivons actuellement dans une société qui évolue très rapidement et est en perpétuel changement. Je trouve que nous n’avons plus beaucoup de temps, en particulier celui qui est dédié à la réflexion et au plaisir d’apprendre la nouveauté et l’extraordinaire. J’envisage donc l’école de demain comme l’un des derniers lieux qui permettent de se poser et de réfléchir, de développer une pensée critique, mais particulièrement de découvrir. Pour moi, l’école valorise encore trop la réussite dite scolaire et contraint les élèves, tout comme les enseignant·es, à suivre certains chemins qui ne sont pas les leurs. Je pense que l’apprentissage se fait par l’échange et la confrontation à l’inconnu. Je voudrais donc que l’on donne la totale liberté au monde écolier de pouvoir essayer, d’expérimenter et d’explorer de nouveaux environnements … J’ai envie que l’école laisse aux élèves l’occasion de tout découvrir par eux-mêmes, par elles-mêmes, de manipuler, d’inspecter, d’échouer, puis de réessayer.

Mais cela est encore trop difficile à appliquer. J’observe que les enseignant·es sont contraint·es à une polyvalence immense, à une pression des parents et de la direction ainsi qu’à un programme encore trop strict. Le modèle ( pour le moins encore utopiste ) proposé par la HEP qui s’inscrit dans une perspective inclusive s’en trouve affecté négativement. Il en va de même pour les activités qui permettent une ouverture sur le monde ( sorties, ateliers, expériences, etc ). Cela va de soi, un programme moins chargé, des exigences nouvelles et des effectifs réduits permettraient certainement de libérer les rouages qui semblent encore bloqués.

Liam Maltese

 

 

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