Au grand jeu des crises, la gagnante est ...

Sanitaire, énergétique, climatique, migratoire, humanitaire, alimentaire, sécuritaire, démocratique, économique ... Les crises. Toutes se recoupant, s’amalgamant, s’imbriquant à un point tel que l’on pourrait les croire garantes les unes des autres.

Crise d’épilepsie. Crise cardiaque, crise de nerfs, crise de foie. De foi, d’angoisse, crise de conscience.

Crise de l’adolescence, crise de la quarantaine, de la cinquantaine, de la soixantaine, voire plus – on va se gêner ! C’est qu’en matière de crise existentielle, il y en a pour tout le monde. Crise identitaire ? Burnout ?

Crise de larmes. Fou rire. Coup de colère. Crise de l’autorité.

Les guerres, crises majeures, qu’elles s’appellent conflits armés, opérations spéciales, frappes offensives, dommages collatéraux.

Tant de crises, ainsi définies en tellement de Unes de médias, jour après jour après jour.

Individuellement – heureusement – nous ne les traversons pas toutes. Certaines ne seraient « que » sociétales, moments de déséquilibres souvent, de rupture parfois.

La crise est-elle un état d’esprit ... ou une question de définitions ? Évolution, changement, bouleversement, chaos.

Mais comment faites-vous, enseignantes, enseignants, pour faire face, en classe, à ces crises multiples ? Y entrent-elles, d’ailleurs, dans vos classes, y ont-elles le même écho que « dehors » ? Dehors où vous devez, vous aussi, comme tout le monde, « faire avec » ? Ou sans, osent quelques-uns ; car on va la régler, cette crise, en sortir, s’en échapper ou, si besoin, l’ignorer – oui ! Il suffit d’éteindre la télé, qu’ils disent, affirmatifs. Mais non, impossible.

Tellement d’enfants, de jeunes, ici, disent avoir des pensées suicidaires. Tellement, là-bas, finissent sous les bombes. Ne pas se résigner.

Et l’École, dite à l’image de la société : est-elle en crise, aussi ?

La question traverse ce numéro spécial 2024, posée au sociologue comme aux enfants, aux chercheur·es comme aux praticien·nes du terrain, posée à l’histoire aussi, au présent, au futur espéré. Et même à ChatGPT ¹, qui note, d’abord rassurant, que « la Suisse est souvent citée comme un modèle en matière d’éducation grâce à son système éducatif performant et ses bons résultats dans les classements internationaux. » Pas vraiment en crise, donc, l’École suisse. « Cependant, elle n'est pas exempte de défis », observe notre interlocuteur IA, qui relève « des problèmes comme les inégalités régionales, la pression académique, et l’intégration des migrants ( ... ) ». Pression académique ? ChatGPT la juge « importante, ce qui peut affecter leur bien-être et leur santé mentale ». Avec cet avertissement : « Les attentes élevées des parents et du système éducatif peuvent conduire à du stress et de l’anxiété chez les jeunes. » En attendant la prochaine crise ?

Bonne lecture. 

Nicole Rohrbach, rédactrice en chef